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Birmanie et Bangladesh s'accordent sur le retour des Rohingyas

Washington accuse Naypyidaw de nettoyage ethnique


Vendredi 24 Novembre 2017

 La Birmanie et le Bangladesh ont signé jeudi un accord ouvrant théoriquement la porte au rapatriement de centaines de milliers de musulmans Rohingyas qui ont franchi la frontière bangladaise pour échapper à une campagne de répression de l'armée birmane dans l'Etat d'Arakan, a annoncé un responsable gouvernemental birman.
Les organisations de défense des droits de l'Homme et plusieurs pays occidentaux ont accusé l'armée birmane de se livrer à des exactions de grande ampleur dans cette région de l'ouest du pays.
Mercredi, les Etats-Unis ont accusé la Birmanie de se livrer à un "nettoyage ethnique", faisant écho à des déclarations de responsables des Nations unies au début de la crise humanitaire qui a vu quelque 620.000 Rohingyas fuir au Bangladesh depuis le 25 août.
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a aussi menacé les généraux birmans de sanctions ciblées.
Si la junte militaire qui a dirigé la Birmanie pendant des décennies a laissé formellement le pouvoir à un gouvernement civil dirigé par la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi l'an dernier, beaucoup craignent que l'armée ne cherche à empêcher le retour des Rohingyas.
La semaine dernière, le chef d'état-major de l'armée, le général Min Aung Hlaing, a prévenu après un entretien avec Rex Tillerson que tout accord devrait prendre en compte les intérêts des "habitants ethniquement originaires de l'Arakan qui sont les vrais citoyens birmans" et pas seulement ceux des "Bengalis", un terme désignant les Rohingyas utilisé par la majorité bouddhiste birmane pour souligner leur origine étrangère.
"Après analyse minutieuse et attentive des faits disponibles, il est clair que l'opération dans l'Etat d'Arakan constitue (une opération de) nettoyage ethnique contre les Rohingyas", a-t-il dit.
Les Etats-Unis s'étaient jusque-là abstenus d'utiliser cette expression de "nettoyage ethnique", déjà employée par l'Onu.
Plus de 600.000 Rohingyas ont fui depuis la fin août le nord-ouest de la Birmanie pour gagner le Bangladesh en raison d'une vaste offensive de l'armée birmane menée en représailles à une série d'attaques de séparatistes Rohingyas.
"Ces abus commis par certains au sein de l'armée birmane, des forces de sécurité et des groupes locaux d'autodéfense ont causé d'énormes souffrances et forcé des centaines de milliers d'hommes, femmes et enfants à fuir leurs maisons en Birmanie pour trouver refuge au Bangladesh", a souligné Rex Tillerson.
Les membres de cette minorité musulmane forte d'environ un million de personnes sont traités par les autorités birmanes comme des apatrides et beaucoup n'ont pas de papiers d'identité.
Or, l'armée, sur laquelle Aung San Suu Kyi n'a aucune autorité, a d'ores et déjà prévenu que les réfugiés ne pourraient rentrer que dans le cadre de la loi sur la citoyenneté de 1982, qui a établi une liste officielle des minorités ethniques en Birmanie, dont les Rohingyas ne font pas partie.
"Nous sommes prêts à les accueillir dès que possible, dès que le Bangladesh nous aura renvoyé les formulaires (de retour)", a néanmoins assuré jeudi Myint Kyaing, secrétaire permanent du ministère du Travail, de l'Immigration et de la Population, après la signature de l'accord dans la nouvelle capitale birmane, Naypyitaw.
Par ailleurs, le Vatican a fait savoir mercredi que le pape François, qui se rend en Asie du 26 novembre au 2 décembre, rencontrera le chef de l'armée birmane, le général Min Aung Hlaing, le 30 novembre à Rangoun, en Birmanie, ainsi qu'un groupe de réfugiés Rohingyas à Dacca, la capitale bangladaise.


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