Bio des stars : Prince, l’artiste avant-gardiste


Samedi 10 Septembre 2016

Bio des stars : Prince, l’artiste avant-gardiste
Au fil du temps, sa production devient de plus en plus importante. En 1987 il souhaite sortir un triple album, Crystal Ball, un projet qui sera refusé par la maison de disques pour des raisons commerciales. La même année il souhaita publier le The Black Album, un disque livré sous une pochette entièrement noire et ne comportant pas le nom de Prince. La sortie fut annulée une semaine avant la date officielle, mais le contenu du disque fut l'objet de nombreux pressages pirates qui lui ont permis une diffusion mondiale sans précédent. A partir de cette époque un très grand nombre d'œuvres inédites, parfois même des albums entiers, s'échappent des studios Paisley Park et s'échangent sous le manteau. Pourtant, Prince semble très réfractaire au sujet des « bootlegs » (disques pirates).
Son intense productivité va progressivement nuire aux relations avec sa maison de disques. Prince annonce publiquement en avril 1993 son retrait définitif de l'industrie musicale, alors qu'il avait signé moins d'un an auparavant l'un des plus gros contrats de l'histoire du disque : 10 albums sur dix ans assorti d'une avance de 10 millions chacun, Prince en échange devait garantir des ventes supérieures à 5 millions d'albums.
Engagé alors dans une longue bataille juridique avec la Warner pour la récupération et l'utilisation de ses œuvres, Prince se considéra pendant quelques années comme un « esclave » de l'industrie musicale (il inscrit au feutre le mot « slave » sur sa joue lors de ses apparitions en public). Cette période eut un effet désastreux sur sa notoriété et son public fut déstabilisé. D'autant que le nom de Prince était toujours utilisé pour les albums édités par Warner et délivrés par l'artiste pour remplir ses obligations contractuelles. Dans le même temps, ce dernier avait opté pour un symbole imprononçable et éditait son plus récent matériel sur son nouveau label obscur et mal distribué, NPG Records.
Ce changement de nom, bien que largement répercuté dans les médias, fut souvent l'objet de dérision. Placés devant la nécessité de le nommer malgré tout, les médias l'ont rapidement affublé, entre autres, de l'acronyme TAFKAP pour The artist formerly known as Prince, ou du pseudonyme Love Symbol, qui désigne également le symbole imprononçable dont il est question ci-dessus.
Pour autant, cette décision largement incomprise à l'époque a fait école depuis. Bien que d'autres artistes aient précédemment décidé de quitter leur maison de disques avec retentissement (citons Frank Zappa ou Léo Ferré), Prince fut le premier d'une longue série d'artistes à claquer la porte des majors dans les années 1990, comme Mariah Carey ou George Michael.
L'avènement de l'internet grand public et la possibilité pour les fans de télécharger la musique directement en provenance de l'artiste (à l'aide du peer-to-peer, de sites comme MySpace ou de plates-formes de téléchargement légales comme iTunes) ont contribué à renforcer les liens entre artistes et consommateurs de musique. Prince annonçait dès 1995 (sur l'intro de l'album Exodus) que sa musique serait ainsi mise à disposition des fans.
Après bien des rebondissements, Prince est libéré de la Warner le 12 novembre 1996. Il en profite immédiatement pour éditer le premier triple album de sa carrière : le bien nommé Emancipation. Il conservera toutefois l'usage du symbole jusqu'au 31 décembre 1999 et le terme de son contrat d'édition avec cette compagnie.
Par la suite il approcha à nouveau les maisons de disques pour signer des contrats de distribution uniquement, considérant que leur travail se limite à la promotion. Il livrera alors ses albums « clefs en main », sans laisser à la maison de disques une quelconque possibilité de négociation sur le contenu, le livret, ou la qualité des chansons.
A cette période, Prince se prépara également à la distribution directe de ses œuvres auprès de son public. Dans un premier temps, il ouvrit des magasins (les NPG Stores, en 1993), puis il proposa un système de vente par catalogue (1993), puis par téléphone (1994), pendant ses concerts (1995), puis par internet (1999), avant de proposer ses nouveaux morceaux sur le Musicology Download Store (2003-2006), un site de téléchargement légal.
En 2004, Prince crée l'évènement en distribuant son CD Musicology à l'entrée de ses concerts. A côté des ventes en magasin, plus de 400.000 exemplaires seront ainsi écoulés ce qui obligea les organismes américains à revoir leurs méthodes de calcul des ventes de disques. En effet, le CD est bien vendu puisque son prix est inclus dans le prix du billet de concert.
En 2006, Prince entame une série de concerts en résidence à Las Vegas sur le thème de «3121». Après un passage très remarqué lors du Superbowl en février 2007, ce concept sera prolongé à Los Angeles.
En 2007, il donne une impressionnante série de 21 concerts à Londres à guichets fermés, dans une salle de 18.000 places (l'O2 Arena). Reproduisant la méthode éprouvée en 2004 avec Musicology, l'album Planet Earth sera distribué gratuitement à l'entrée de la salle sur présentation du billet d'entrée. Au même moment, cet album est distribué en Grande-Bretagne avec l'hebdomadaire Mail on Sunday, tiré pour l'occasion à trois millions d'exemplaires. Ce procédé lui attirera le courroux des disquaires britanniques qui retirèrent immédiatement l'album des rayons.
Autre exemple des nouveaux modes de distribution testés par Prince, le CD « Indigo Nights » est paru en 2008 dans un recueil de photographies issues de ses concerts londoniens.
En 2009, l'artiste met en ligne un tout nouveau site officiel, LotusFlow3r, où les fans peuvent s'inscrire et payer pour accéder à du contenu inédit. En parallèle il met à disposition un triple album du même nom, incluant le volet MPLSoUND, et Elixer, l'album de sa protégée Bria Valente. Une édition spécifique pour la France, proposant le volet MPLSoUND en CD unique, est sortie le 7 septembre 2009. En octobre, il se produit pour deux concerts au Grand Palais à Paris, dont les billets se sont vendus en 77 minutes deux jours avant l'événement.
En 2010, Prince renouvelle le principe de distribution dans des magazines ou des quotidiens pour son nouvel album, 20Ten. En France, c'est l'hebdomadaire Courrier international qui a été sélectionné. Selon les cas, c'est un magazine spécialisé (Rolling Stone, en Allemagne) ou un quotidien national (le Daily Mirror en Grande-Bretagne) (Het Nieuwsblad en Belgique) qui assure la distribution.
Sur l'année 2013, nouveau rebondissement « 3rdeyegirl ». Ce qui représente à la fois un nouveau projet, son nouveau groupe et son nouveau site internet (site et page youtube). Plusieurs titres inédits, photos, performances studios, performances lives et vidéo promotionnelles sont mis en ligne gratuitement ou pour l'achat. Des classiques comme « Let's Go Crazy », « She's always in my hair » ou encore « Bambi » sont partiellement ou complètement transformés et re-travaillés. Le rebondissement est d'autant plus grand que seulement 6 mois plus tôt Prince soutenait qu'il ne libérerait plus de musique et avait pris ses distances vis-à-vis d'internet.
Prince a considérablement modifié les rapports entre artistes et maisons de disques durant toute sa carrière, créant un nombre important de précédents notamment dans le domaine de l'auto-production et de la distribution directe du musicien vers les consommateurs de musique.


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