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Bataille rangée autour de la succession de Bouteflika


Alain Bouithy
Samedi 21 Mai 2016

Une grave crise politique et institutionnelle sur fond de succession au président Abdelaziz Bouteflika semble de nouveau se profiler en Algérie.
La longue maladie du chef de l’Etat algérien et ses fréquents séjours pour soins à l’étranger, plongent jour après jour Alger dans une situation qui n’augure point de lendemains qui chantent.
Les divisions que tout le monde soupçonnait ont fini par se faire jour au sein de la classe politique, notamment du côté du clan présidentiel, et dans les rangs de l’armée, maintes fois accusée de s’immiscer dans les différentes successions au fauteuil présidentiel qu’a connues ce pays depuis plusieurs décennies.
La guerre ouverte à laquelle se livrent les éventuels prétendants au pouvoir se dessine aussi dans le milieu des affaires, convaincu que les portes du palais d’El Mouradia lui sont aussi ouvertes.
Toutes ces turpitudes annoncent ce que tous les Algériens craignaient : une guerre de succession sans merci où tous les coups sont permis, si l’on en croit de nombreux observateurs et analystes des médias locaux qui rivalisent de scénarios.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la dégradation continuelle de l’état de santé de Bouteflika, suite à un AVC qui l’a cloué à vie sur un fauteuil roulant, et son âge avancé, ont relancé définitivement les hostilités. Les éventuels successeurs au président ne pouvant plus attendre 2019, date de la fin du  mandat du président sortant, on assiste désormais à une multiplication de grandes manœuvres que même le regard discret ne saurait ignorer.
Cette tension, perceptible au sommet de l’Etat et à un certain degré au sein de l’opinion publique nationale, serait, en toute logique, nourrie par l’éventualité que le président malade rende le tablier avant d’achever sa mandature.
«Le pouvoir occulte, qui, d’après une bonne partie de l’opinion publique nationale, fait et défait les présidents, s’agite ces jours-ci plus que jamais, afin de lui trouver un successeur en mesure d’assurer la pérennité du régime en place depuis 1962», souligne le site Algérie Focus.
Une chose est sûre, c’est que cette course à la succession ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte aux premières hospitalisations à l’étranger du président, il y a une décennie.
Aujourd’hui, «comme il le fait depuis l’indépendance, le régime algérien se démène pour garder les clefs du pouvoir qui lui permettent de régner sur le pays et ses richesses. Aujourd’hui encore, il se bat avec lui-même pour trouver un successeur à Bouteflika à l’intérieur même du sérail», note Impact24. Le site précise qu’il est hors de question pour le pouvoir actuel que les rênes lui échappent, pour échouer entre des mains «nouvelles».
Pour le journal «Liberté», il ne fait aucun doute que «les clans au pouvoir veulent recommencer la même aventure périlleuse, celle qui consiste à placer un successeur pendant que les Algériens assistent en spectateurs et, de préférence, en silence».  Mais, contrairement au passé, la situation pourrait être autre.
Le journal algérien avertit que «certaines personnalités politiques, mais aussi la presse libre et indépendante risquent de trahir le «secret». Et comme la réussite d’un «plan X» dépend de sa confidentialité opérationnelle, l’urgence est donc de faire taire toutes les voix indiscrètes, surtout celles dissonantes».
Dans le cas où le pire surviendrait, qui prendrait les rênes du pays ? Telle est la question que se pose tout le monde. Pourtant, la réponse à cette question est loin d’être évidente, tant il se dégage un climat délétère parmi les politiques, les militaires et proches du président.
Quand bien même qu’il se murmure que le clan présidentiel ficelle en sourdine la succession de Boutaflika, tout porte à croire que la relève du président en poste ne sera pas facile.
Après avoir passé au crible les indicateurs de l’actualité nationale, voire internationale (bien de puissances s’intéressent à l’évolution que pourrait prendre cette crise sournoise) et recoupement des indiscrétions sur cette question de succession, Impact24.info pense que trois personnalités seraient sur les starting-blocks pour la course à la présidence.
Selon le site, il s’agit de «Ahmed Ouyahia, fraîchement auréolé de sa retentissante réélection à la tête du RND qui plus est, applaudie par le président de la République himself ; Abdelmalek Sellal, qui n’a jamais caché des ambitions qui auraient paru cocasses si l’homme n’avait pas réussi à se hisser à des fonctions aussi importantes que Premier-ministre; et, enfin, Chakib Khelil qui, contrairement à ses dénégations devant les caméras complices, ne dirait pas non à un destin national si on lui «demandait de servir l’Algérie».
Le retour de Chakib Khelil au bercail, après l’annulation des poursuites à son encontre pour une affaire de corruption, et son entrée sur la scène publique est sans doute le signe que la course serait déjà lancée. Du moins, du côté du clan présidentiel et des différents cercles les plus proches du pouvoir.
Proche d’Abdelaziz Bouteflika, l’ex-dirigeant de la Sonatrach (entreprise publique d’hydrocarbures) et ex-ministre de l’Energie et des Mines (1999-2010), a été «encensé par des personnalités au pouvoir, dont le secrétaire général de l’ex-parti unique (FLN), Amar Saadani», constate L’Humanité. Ce dernier, rapporte le journal français, le qualifie de «plus brillant cadre algérien sali par les services spéciaux».
Quoi qu’il en soit, rien n’est assuré pour celui qui présida l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en 2001 et en 2008.
En effet, poursuit le journal, «qu’il soit ou non candidat à la présidentielle, Khelil divise l’opinion, notamment avec ses interviews sur le ton de la confidence diffusées par les chaînes de télé satellitaires arabophones, qui sont en réalité des relais du discours officiel».
Quels que soit les mobiles qui les animent et les chances des uns et des autres de s’installer au palais d’El Mouradia, chacun d’eux pourrait compter sur de solides soutiens : «Le patron du RND et chef de cabinet du président de la République serait adoubé par les représentants des services de renseignements de la défunte DRS. Abdelmalek Sellal s’appuierait sur Saadani fort du soutien affiché de Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense, tandis que Khelil s’adosserait à Saïd Bouteflika, manifestement contraint de mettre en berne ses propres ambitions en raison de la levée de boucliers que sa candidature suggérée a provoquée», suppute impact24.info
Le quotidien «El Watan» soupçonne, de son côté, trois groupes d’intérêts qui auraient pris en otage le pays. Le premier serait plutôt partisan, «c’est-à-dire qu’il concerne les chefs de parti, à l’image des secrétaires généraux du RND Ahmed Ouyahia et du FLN Amar Saadani», écrit-il.
«Comme tout chef de parti, chacun des deux se voit sur le chemin du palais d’El Mouradia. Les deux hommes ne partagent rien, si ce n’est leur allégeance à Bouteflika. Néanmoins, leur position au sein du sérail permet à chacun d’eux d’avoir des ambitions», explique le journal.
A en croire le journal, la deuxième force en course pour la succession représente les hommes d’affaires qui ont investi beaucoup d’argent dans la politique. C’est le cas de Ali Haddad ou Karim Kouninef qui «veulent à tout prix récolter les dividendes en se présentant comme une alternative», soutient-il. Alors que la troisième force serait incarnée par l’armée, représentée par le fameux général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah.
A ce propos, CNP News rappelle que le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense devait tirer sa révérence d’ici fin mai début juin prochain.
Ce dernier pourrait prendre le pouvoir à la manière du maréchal égyptien Abdelfattah Al Sissi dans la mesure où il se débarrassera de son uniforme dans quelques semaines.
CNP News précise toutefois que «son départ à la retraite aurait été décidé officiellement par le président Abdelaziz Bouteflika et officieusement par le frère conseiller Saïd Bouteflika. Ce dernier veut anticiper, semble-t-il, le processus de succession du Président agonisant».
«Si le choix du successeur du chef de l’Etat n’est pas tout à fait arrêté, celui de Gaid Salah est désormais scellé, il s’agira du général-major Saïd Bey chef de la 2ème Région militaire, Oran», croit savoir le site.
Alégrie-focus.com n’exclut pas la thèse donnant Saïd Bouteflika, frère cadet et conseiller particulier du chef de l’Etat, comme successeur favori à son frère. Cette éventualité serait renforcée par les développements politico-économiques de ces derniers mois, soutient le site.
Il faut dire que depuis la première hospitalisation à l’étranger du président Abdelaziz Bouteflika en 2005, il n’a cessé de prendre de l’importance.
«Plus le retrait du président se prolonge, plus l’influence de son frère conseiller croît. Le paroxysme de cet éloignement, pour le premier, et proximité, pour le second, du centre de décision politique a été atteint en 2013, lors de l’hospitalisation prolongée et répétée du chef de l’Etat. A partir de là, nombre d’observateurs parlent de «gestion par procuration» des affaires du pays. Par Saïd évidemment», relate Algerie-focus.
Du côté des formations politiques, le site est persuadé que: «la fragilisation du FLN et du RND, par les mouvements de dissidence et les scandales de corruption éclaboussant nombre de leurs cadres, sont distillés par les officines pro-Saïd».
Notons que cette agitation politique se dessine dans un contexte de grave  crise économique qui pourrait à tout moment plonger le pays dans une violente turbulence, si jamais la succession se passait mal ou que l’opposition et la population décidaient d’avoir voix au chapitre. Et donc de mettre fin à ces petits arrangements entre amis et proches.

Les velléités martiales des généraux algériens

L’Algérie demeure le plus gros importateur d’armes sur le continent africain, révèle le dernier rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Une situation qui risque de se perpétuer, d’autant plus que ce pays traverse actuellement une grave crise de succession  qui pourrait inciter ses caciques à jouer les va-t-en guerre pour renforcer le front intérieur algérien et détourner l’attention des citoyens sur la lutte qu’ils se livrent pour occuper le fauteuil présidentiel.
Parmi les trois premiers pays africains importateurs, l’Algérie conserve ainsi sa première place, avec 30% des importations, suivie par le Maroc (26%). Lequel se trouve ainsi dans l’obligation de consentir des efforts financiers nécessaires à sa défense et à se prémunir et à se préparer à toute éventualité vu que son voisin abrite, finance et arme un mouvement séparatiste qui tente vainement d’attenter à son intégrité territoriale.
Un rapport de ReportLinker, multinationale spécialisée dans les études de marché, a estimé récemment que notre pays  dépensera d’ici 2020 près de 18 milliards de dollars pour l’équipement des Forces Armées Royales en matériels militaires sophistiqués.
D’après la même source, le Maroc prévoit d’acquérir, d’ici à 2020, des hélicoptères de combat, de nouvelles frégates pour la Marine Royale, des sous-marins, et du matériel ultrasophistiqué de télécommunications.
L’étude prospective du ReportLinker prévoit également que le budget annuel de défense passera de 3,3 milliards de dollars en 2016 à 3,8 milliards de dollars en 2020. Cela est dû, selon la même source, aux mesures prises par le gouvernement pour combattre le terrorisme, surveiller les frontières et se doter de nouveaux systèmes de défense.
M.T

Bras de fer entre Paris et Washington

En Algérie, un grand vide s’annonce au sommet de l’Etat. La maladie du président et la vacance de la présidence suscitent une grande préoccupation des grandes puissances. Washington et Paris en font même un sujet d’inquiétude. Une rivalité dans laquelle sont en jeu des intérêts politiques, économiques et géopolitiques. L’entourage du président malade, Abdelaziz Bouteflika, n’en est pas moins perturbé.
Des rapports émanant des renseignements français font état d’une confusion au sujet de l’état de santé de Bouteflika, notamment après que les Etats-Unis s’en sont mêlés, par une mise en garde de l’entourage du président algérien. Incapable depuis plus d’une année au moins à assumer ses fonctions de président, le cas Bouteflika pose problème, ses prérogatives politiques et constitutionnelles n’étant plus assurées que par l’antichambre du pouvoir. Le pétrole et le terrorisme sont bel et bien des problèmes qui nécessitent un interlocuteur stable, constitutionnel et crédible. Du coup, Paris et Washington entrent dans une course effrénée pour une succession ouverte.
Qu’en est-il exactement? Selon les mêmes informations, l’administration américaine aurait ficelé un plan de succession, dans lequel elle annonce son soutien à l’ancien ministre algérien du Pétrole Chakib Khalil. Ce même responsable avait fui son pays vers les Etats-Unis pour échapper aux menaces des généraux pour une affaire de corruption. Le premier instigateur de cette affaire à l’époque n’était autre que le général Mediène, ancien directeur des renseignements DRS, actuellement évincé par le groupe Said Bouteflika et Abdelmalek Sellal.
Pour lui donner une certaine visibilité, les Américains ont commencé, depuis déjà quelque temps, à le mettre en avant, à travers des déclarations, des analyses et des entretiens avec les médias les plus en vue et entretenant des relations avec l’administration américaine. Une manière de préparer son retour aux commandes, mais aussi son acceptation par l’opinion publique algérienne.
Vigilante à l’égard de la situation en Algérie, la France avait infiltré l’information de ce soutien américain à Chakib Khalil, en le plaçant dans son contexte, à savoir l’accord tacite et secret conclu, il y a quelques mois seulement, entre Washington et certains milieux algériens et validé lors de la visite du chef de gouvernement algérien Abdelmalek Sellal à Washington, lors du sommet sur la Sécurité nucléaire.
N.Z


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1.Posté par Plékhanov le 20/05/2016 21:59
Une guerre civile de quelques années pour départager des loups en découdra.D'ailleurs,si les rapaces américains s'intéressent à la fête,c'est déjà chose faite.

On comprend mieux maintenant l'acharnement yankee contre une monarchie marocaine dont le crime est de sauvegarder la stabilité d'un pays qui ne manifeste aucun besoin d'accords secrets avec les ennemis de l'humanité...

2.Posté par ELACHEACHE le 22/05/2016 11:42
Pour Plékhanov
Si vous croyez que les Ynakee comme vous dites s'acharnenet conte leMaroc vous faites fausse route.Revisez vos notes elles ne sont pas a jour

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