Bahaa Trabelsi s’essaye à la nouvelle

L’auteur a récemment remporté le prestigieux Prix Ivoire 2014


Propos recueillis par M.O
Mercredi 28 Janvier 2015

Bahaa Trabelsi s’essaye à la nouvelle
Dans le cadre de ses Cafés littéraires, «Sofitel Tour blanche» a récemment organisé une «rencontre-signature», pour présenter «Parlez-moi d’amour», le dernier ouvrage de l’écrivaine marocaine controversée Bahaa Trabelsi, en présence de nombreux invités de l’univers culturel marocain et des représentants de différents médias.  
Paru en 2014, aux éditions «La Croisée des chemins», ce recueil de onze nouvelles dépeint sans compromis les diverses facettes de la société marocaine avec un regard exceptionnel sur l’amour, avec toute la souffrance qu’il provoque et le plaisir qu’il procure. Le tout plongé dans un univers de débauches et une société asphyxiée par les tabous. Avec des mots justes, ainsi que des personnages, bien campés, attachants et toujours en quête de bonheur, Bahaa Trabelsi fait traverser ses lecteurs par tous les états d’âme, elle leur donne, tour à tour, envie de pleurer, de hurler et de rire… Native de Rabat, Bahaa Trabelsi est diplômée en économie de l'Université d'Aix-en-Provence, en France. Elle est également journaliste et membre actif d’une association de lutte contre le sida. «Parlez-moi d’amour» qui a récemment remporté le Prix Ivoire pour la littérature africaine d’expression francophone est son premier recueil de nouvelles. Elle s'est auparavant fait remarquer  avec «Une femme tout simplement», un roman psychologique sur les forces de la femme marocaine, au-delà des clichés et des tabous de la société. Elle est également l’auteure de «Slim», un portrait peu engageant d’une vedette du journalisme casablancais. Ayant un goût prononcé pour la provocation, Bahaa Trabelsi a bousculé plusieurs codes de la société marocaine, et une fatwa a même été édictée contre elle. «Une vie à trois», son roman sur l’homosexualité, paru en 2003, avait d’ailleurs suscité de virulentes critiques.  

Bahaa Trabelsi s’essaye à la nouvelle
Libé: «Parlez-moi d’amour» est votre premier recueil de nouvelles. Quel en a été l’élément déclencheur ? 

B.T: On peut dire que c’est la volonté d’affiner mon écriture. Parce que la nouvelle est un exercice plus complexe que le roman. Elle doit tenir en haleine et avoir une réelle chute. Et chaque nouvelle est un exercice en soi. 
Je suis, actuellement, en train d’apporter les dernières retouches à mon prochain roman. Je me rends compte que le fait d’avoir écrit des nouvelles a énormément développé mon écriture qui est devenue plus précise dans le choix des mots et la structure, entre autres.  

Comment s’est opéré le choix du titre ? 

Au départ, je me suis dit que je choisirai un thème et j’essaierai de faire une sorte de brassage de tout ce qui est autour. Et comme ce thème se rapportait aux sentiments et aux relations des couples, le titre est venu tout seul, c’est d’ailleurs le titre d’une célèbre chanson d’Edith Piaf. A vrai dire, ce thème de l'amour est particulièrement difficile, d’autant plus qu’il a été visité par de grandes plumes. 

Vous avez remporté le «Prix Ivoire 2014». Quelle impression cela vous fait-il ? 

Cela me rend énormément fière, à titre personnel bien évidemment, mais également fière pour mon pays qui remporte pour la première fois ce prestigieux Prix. Et puis cette distinction me comble de joie, car c’est la récompense d’un long et dur travail.

Certains auteurs rêvent d’écrire les livres qu’ils aimeraient lire. Est-ce le cas pour vous ?  

Absolument ! C’est-à-dire que je n’aime pas m’ennuyer dans un livre et je n’aimerais pas du tout écrire des textes qui font que mon lecteur s’ennuie. Il y a des gens qui vous diront qu’ils adorent Proust, moi je ne l’aime pas; pourtant c’est un très grand écrivain. Mais on va dire que je m’ennuierai quand je le lis. Donc, quand j’écris, tout ce que j’espère, c’est de ne pas ennuyer mes lecteurs.  

Quel regard portez-vous sur la littérature marocaine d’expression française ? 

Je pense que la littérature marocaine ne cesse d’évoluer. Nous avons aujourd’hui  de jeunes auteurs merveilleusement doués, tels Youssef Amine El Alami, Boutaina Azami, Lamia Berrada, ou encore Souad Mekkaoui, pour ne citer que ceux-là. 

Vous avez donc un nouveau roman en chantier. Quel en sera le thème ? 

Ah si vous le saviez ! Je ne puis en fait vous dévoiler le thème mais je peux vous dire que ça va être une radioscopie de la société marocaine contemporaine et de la façon dont elle vit les libertés, notamment la liberté de conscience.  


Extrait 

“(…) Je l’ai rencontrée sur Facebook. Tous les deux geeks et paranos, nous affichions des profils sous pseudos. J’étais Vulva Cochonne de l’Espace et elle capitaine Flam. (…) De commentaires en tchats, nous avons fini par dévoiler nos identités respectives et tomber amoureux l’un de l’autre sans nous connaître. Agrégée de philosophie, elle a commencé par m’impressionner avec ses longues tirades lyriques, bourrées de références, son éloquence verbale pour développer un raisonnement aussi foireux soit-il, et son mépris des conventions. J’ai toujours été un réfractaire. Génération Punk, no future, j’écoutais en boucle les Sex Pistols, et avais un profond mépris pour l’humanité et ses conformismes bourgeois. Marion, quant à elle, fait partie de la génération Mangas, autrement plus complexe, c’est une bishojo passionnée par les jeux vidéo. Biberonnée à la Nintendo et à la play station, les stratégies n’ont pas de secrets pour elle. Nous avons en commun le cynisme sous-jacent à l’esprit de nos deux générations, Nietzche, un côté destroy que nous cultivons un peu pour le look, beaucoup par désespoir. (…)”


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