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Aux Pays-Bas, un parti d'enfants d'immigrés contre Wilders


Libé
Samedi 25 Février 2017

Alors que le député anti-islam Geert Wilders est en tête des sondages pour les législatives néerlandaises du 15 mars, un petit parti tente de renverser la vapeur, au risque pourtant de recourir aux mêmes recettes populistes : la première formation dirigée par des Néerlandais d'origine étrangère.
Denk, ou "Pense" en français, veut combattre le "racisme institutionnel" en créant un registre national des déclarations racistes et veut remplacer "l'intégration" des immigrés par "l'acceptation".
Le parti, qui se présente comme l'unique réponse au Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, a été accusé par les médias et par ses opposants de diviser et polariser la société.
"Geert Wilders qui publie un photomontage d'un opposant, ce n'est pas de la polarisation? Un parti chrétien qui dit que son Dieu est meilleur que le nôtre, ce n'est pas de la polarisation? Des jeunes qui sont exclus de la société, qui sont accusés d'être des terroristes juste parce qu'ils sont musulmans, ce n'est pas de la polarisation?", répond le numéro deux du parti, Farid Azarkan.
Denk est "le parti de tous les Néerlandais", assure-t-il à l'AFP. "Nous voulons écrire l'histoire, sous la direction d'enfants d'immigrés : nous voulons prendre la place qui nous revient dans la démocratie et cela passe par le Parlement".
Pour Sjaak Koening, politologue à l'université de Maastricht, il est "unique de voir un parti entièrement dirigé par des Néerlandais d'origine étrangère". Créé en 2015 par Tunahan Kuzu et Selçuk Öztürk, députés mis à la porte du parti travailliste pour en avoir critiqué la politique migratoire, Denk "a pour principal argument que les musulmans sont diabolisés", assure de son côté Geerten Waling, de l'université de Leiden.
La formation, qui espère attirer les votes des deux millions de Néerlandais d'origine étrangère hors UE, sur 17 millions d'habitants, est créditée d'un à deux sièges dans les sondages, où les minorités sont pourtant sous-représentées, selon les experts.
Selon une autre enquête, 40% et 34% des personnes d'origine turque et marocaine ont l'intention de voter Denk. "Alors que le PVV est le parti de l'homme blanc en colère, on pourrait dire que Denk est le parti de l'homme brun en colère", affirme l'un des chercheurs, Aziz el Kaddouri, cité par les médias : ils se "sentent abandonnés" par les partis traditionnels.
Dans une tentative de séduction des électeurs du PVV, le Premier ministre libéral Mark Rutte avait invité récemment dans une lettre ouverte "ceux qui ne respectent pas les valeurs" néerlandaises à quitter le pays.
Pour M. Azarkan, Denk "n'est pas le parti de l'homme brun en colère mais celui des électeurs déçus", "qui ont enfin l'impression qu'un parti peut faire entendre leur voix".
Malgré des programmes radicalement opposés, le parallèle avec le PVV est frappant. Les deux partis, créés après un départ d'un parti traditionnel, sont très actifs et populaires sur les réseaux sociaux. Denk, de son côté, a eu recours à des "trolls", de faux comptes sur les réseaux sociaux pour critiquer ses opposants, poussant la direction à présenter ses excuses.
Tout comme Wilders, Denk attaque les médias et a souvent recours à la phrase-choc qui finira en Une. Le parti ne recule pas non plus devant la confrontation pour attirer l'attention : l'un de ses fondateurs avait refusé, devant des caméras stratégiquement placées, de serrer la main du Premier ministre israélien en visite.
"Ils ont certainement des recettes populistes mais ils ne sont pas encore un parti populiste", assure Sjaak Koening, soulignant : "Ils se sont définitivement inspirés de Wilders".
Un record de 28 partis se présentent aux élections, dans l'espoir de remporter quelques sièges sur les 150 du Parlement.
Le parti a été accusé d'être "le long bras d'Erdogan", le président turc, par la presse néerlandaise. Selon M. Waling, Denk représente "un groupe de Turcs relativement conservateurs", votant par exemple contre une motion sur "le génocide arménien".
Accusés de diviser la société, Denk "apporte pourtant de nouveaux thèmes en politique, ce qui est toujours bon pour la démocratie", ajoute M. Koening.


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