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Au pied d’un glacier, des sexagénaires nagent dans des eaux polaires


Samedi 30 Août 2014

Au pied d’un glacier, des sexagénaires nagent dans des eaux polaires
A 67 ans, la Britannique Margot Anderson pourrait couler des jours tranquilles dans son pays natal. Au lieu de quoi, elle travaille à mi-temps pour s’offrir le voyage jusqu’au glacier du Perito Moreno, dans le sud de l’Argentine, où elle pourra relever son défi: nager dans des eaux glaciales.“Si c’est la dernière chose que je fais dans ma vie, je partirai en paix”, confie Margot Anderson, avant de sauter dans l’eau à 2 degrés Celsius du Lago Argentino, avec rien d’autre qu’un simple maillot et un bonnet de bain.
Elle a retrouvé en Patagonie 53 autres “nageurs extrêmes”, dont six avaient plus de 60 ans, venus de Russie, d’Estonie, de Pologne ou d’Irlande, pour participer le 8 août à une compétition de natation d’hiver, organisée pour la première fois en Amérique latine.
En Europe du Nord, où la discipline est plus connue, des milliers de concurrents participent à ce genre de compétitions. 
Il pleut et il vente, mais cela n’entame pas l’énergie des nageurs.
Soutenus dans leur épopée par leurs petits-enfants, enfants ou conjoints, ils s’immergent dans une eau où se forment parfois des cristaux de glace.
En arrière-plan, les spectaculaires falaises de glace bleutées du Perito Moreno, un des sites touristiques les plus prisés d’Argentine.
“J’ai trois filles qui se disent +ma mère est folle+”, s’amuse Margot Anderson, qui préfère l’hiver austral à l’été européen, trop chaud selon elle.
Cette passion tenace, elle la tient de son père et de son grand-père, eux aussi “nageurs de glace”. “J’ai des photos d’eux, raconte-t-elle, en train de briser la glace pour pouvoir se baigner”. 
Comme le reste de ses “coreligionnaires”, Margot Anderson a l’impression de rajeunir à chaque bain glacial.
 “Ça, c’est se sentir vraiment vivant. Une fois que tu es dans l’eau, et que tu es face aux éléments, au défi, face à toi-même, tu veux terminer la course, sortir et être bien”.
A la ville, elle travaille encore à mi-temps pour financer ses expéditions, comme assistante sociale dans un foyer pour enfants handicapés dans le Kent, dans le sud-est de l’Angleterre.
En février, cette ancienne monitrice de natation a battu son record en nageant un mille marin (1.852 mètres) en 50 minutes, dans un lac.
Entraînement en baignoire 
 
Margot Anderson et sa meilleure amie Jacqueline Cobell, Britannique de 60 ans à la longue chevelure platine, rient en expliquant comment elles se sont entraînées: remplir une baignoire d’eau et de glace, s’immerger et se chronométrer pour voir combien de temps elles peuvent tenir.
S’immerger durablement dans des eaux gelées peut provoquer une hypothermie, mais ces nageurs sont à la recherche de la sensation que procure ce type de bain. Ils s’entraînent sans routine stricte, note Natalia Szydlowski, une Argentine membre de l’organisation de la compétition. 
Ces nageurs amateurs nagent jusqu’à 1.600 mètres alors que la température extérieure peut descendre à -20 degrés.
“C’est fantastique, chaque bain est un défi. Chaque bain est différent”, confie Jacqueline Cobell. Cette éducatrice de jeunes enfants à la retraite dit avoir débuté sérieusement dans la discipline à 55 ans et se prévaut avec un large sourire de détenir depuis 2010 le record de la traversée la plus lente de la Manche. “J’ai mis 28 heures et 44 minutes pour arriver en France, sans interruption”. 
“Ce que nous faisons ne relève pas du courage, mais de la bêtise. C’est un challenge, il faut atteindre ses limites, figer le regard sur un point et se surpasser”, plaisante la nageuse rondouillarde, coiffée d’un bonnet de bain aux couleurs du drapeau britannique.
“C’est bon pour le coeur, l’âme et l’esprit”, affirme-t-elle.
Sur les rives du Lago Argentino, à El Calafate, le Polonais Lech Bednarek, 73 ans, espère “transmettre cette passion” à l’Amérique du Sud. “Chaque fois, nager dans la glace, c’est une renaissance”, dit-il.
Les anciens boxent dans la même catégorie que les plus jeunes, dont le maître Henri Kaarma, un banquier estonien de 39 ans, champion du monde en titre sur 2.400 mètres en Sibérie. “Il n’y a aucune raison d’avoir peur”, lâche-t-il.
Au milieu des nageurs d’Europe du Nord, l’Argentin Matias Ola, 29 ans, surprend. Originaire de Tucuman, ville au climat chaud, il n’a appris à nager qu’à 21 ans et veut promouvoir la natation d’hiver. 
Son rêve: organiser un championnat du monde de cette discipline en Patagonie. 


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