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Ankara annonce l'instauration de l'état d'urgence pour trois mois



Portrait des ‘’gulenistes’’, accusés d'avoir installé un "Etat parallèle"


Libé
Vendredi 22 Juillet 2016

Annoncé mercredi soir, l'état d'urgence est entré en vigueur après sa publication jeudi dans le Journal officiel turc. Prévu par l'article 120 de la Constitution, il peut être imposé sur tout ou partie du territoire pour une période maximale de six mois en cas de risque grave d'actes de violence destinées à détruire l'ordre démocratique, selon l'agence Anadolu. Il prévoit notamment des restrictions aux libertés de manifester ou de circuler.
Recep Tayyip Erdogan reste inflexible et s'engage à ne faire "aucun compromis" sur la démocratie. "L'objet de l'état d'urgence est de prendre les mesures nécessaires, aussi efficacement et rapidement que possible, pour éliminer la menace sur la démocratie, sur l'état de droit, sur les droits et la liberté de nos citoyens, dans notre pays", a-t-il expliqué.
Le président turc a lancé jeudi l'appel à la prière du matin depuis la mosquée du complexe présidentiel d'Ankara, cinq jours après l'échec d'un putsch militaire visant à le renverser.
Diffusé via les haut-parleurs de la mosquée, l'enregistrement a été mis en ligne sur le site internet du quotidien pro-gouvernemental Yeni Safak. Dans des textos signés RTErdogan et envoyés sur des téléphones portables dans le pays, le chef de l'Etat a également appelé les citoyens turcs à continuer à descendre dans la rue pour résister aux "terroristes". "Les propriétaires des places (des villes) ne sont pas les tanks. Les propriétaires sont la nation", selon ce message.
Ankara accuse les partisans du prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen, d'avoir fomenté ce coup d'Etat manqué.
Ses partisans formaient-ils un "Etat parallèle" décrit par Erdogan, ou sont-ils des boucs-émissaires? De son exil américain, le prédicateur musulman Fethullah Gülen nie avoir fomenté le coup d'Etat manqué en Turquie.
C'est une mouvance plus qu'une organisation centralisée. Exilé aux Etats-Unis depuis 1999 au moment où il était visé par une enquête en Turquie, son chef, Fethullah Gülen, n'a jamais donné de nom officiel à son mouvement, qui se présente comme tenant d'un islam ouvert et tolérant. Ses membres le désignent comme l'"Hizmet", "le service" au service du bien commun. Leur objectif affiché : transformer la société par l'éducation, l'action civique ou les médias.
Ses adversaires, à commencer par Recep Tayyip Erdogan, l'ont baptisé à sa place : pour le pouvoir, les gulenistes constituent le FETÖ/PDY, acronyme qui signifie "Organisation terroriste/Structure étatique parallèle", et présente l'avantage de renvoyer au prénom de leur chef septuagénaire.
Alors que l’aide de camp du président Ali Yazici, soupçonné d'avoir soutenu le putsch, a été maintenu en détention par la justice turque, les médias turcs ont rendu publique la confession d'un putschiste, ancien aide de camp d'Hulusi Akar, le chef d'Etat-major de l'armée. Le lieutenant-colonel Levent Türkkan a raconté avoir intégré l'armée en 1989 grâce à des partisans de Gülen, qui lui auraient fourni l'intitulé du concours. Pour le compte des gulenistes, il aurait placé sur écoutes Akar, tout comme son prédécesseur Necdet Özel.
L'accusation contre Fethullah Gülen de noyauter l'Etat est ancienne. Elle était à la base d'un procès, finalement conclu en 2008 par l'acquittement du prédicateur. Les hommes d'affaires et industriels gulenistes avaient leur organisation, Tuskon. Et le réseau gère dans le pays, selon les estimations, au moins 300 établissements d'éducation, du primaire au supérieur. Jusqu'à leur reprise en mars par l'Etat, plusieurs médias, notamment le quotidien Zeman, un des plus gros tirages du pays, appartenaient à cette mouvance. La police a également fait l'objet de purges depuis la fin 2013.
Depuis le coup d'Etat manqué, 10.000 personnes ont été arrêtés, 55.000 limogées. Aucune administration n'est épargnée: magistrature, armée, éducation, ministère des Sports... Pour ce qui est de la justice il y a une volonté d'épurer au-delà des cercles gulénistes", avec des personnes qui ont pu prendre "des décisions gênant le pouvoir".
L'ampleur de la répression a suscité de vives critiques à l'étranger, Berlin dénonçant des mesures "contraires à un mode d'action respectant l'Etat de droit".


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