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Achoura à Marrakech : Un rituel qui fait la singularité des traditions ancestrales


Mohamed RAMI
Mercredi 7 Janvier 2009

Achoura à Marrakech  : Un rituel qui fait la singularité des traditions ancestrales
Célébrer la fête de l’Achoura relève naturellement des traditions de l'ensemble des Marocains et des musulmans de par le monde. Néanmoins, au Maroc, ce rituel diffère d'une région à l'autre. A Marrakech, par exemple, cette fête est préparée, dix jours avant la nuit de l’Achoura, par les enfants, les femmes et les hommes, en tenant compte des mesures strictes à respecter.
L’Achoura est souvent célébrée en grande pompe, notamment dans les quartiers de l'ancienne médina, alors que les préparatifs se font de manière rigoureuse et en respect des us et coutumes. Ils commencent par la préparation d'un gâteau spécial, coupé en petits dés, communément connu sous l'appellation « Krichlates ». La tradition veut que ces petits gâteaux soient mélangés avec des fruits secs, ce qu’on appelle dans le jargon populaire « Fakia ». Ces amuse-gueule décorés et présentés soigneusement dans un grand récipient traditionnel, sont répartis de manière équitable, le jour de la fête, entre l'ensemble des membres de la famille.Quant aux absents, leurs parts de « Fakia » sont souvent conservées par la mère jusqu'à leur retour.
L'autre moment inoubliable de ce rituel est la réunion des membres de la famille et éventuellement de certains voisins du quartier, au tour de la table du dîner pour déguster un bon plat de couscous aux légumes et à la « diala » de mouton (de la viande séchée et salée), souvent conservée après la fête du Sacrifice.
Sur le plan religieux, les Marrakchis ont pris l'habitude de jeûner les 9 et 10 Moharrem, bien que certaines femmes profitent de cette occasion pour se livrer à des pratiques de charlatanisme, dont la grande partie  relève actuellement de la mémoire collective.
Dans les ruelles de l'ancienne médina comme dans tous les espaces publics, grands et petits, vibrent aux rythmes de la « Dekka Marrakchia » et aux chants des « Houariyates ». Ce qui donne à ces festivités un caractère particulier, c'est l’émulation entre les habitants de chaque quartier (Haouma) de l'ancienne médina pour former une troupe musicale (Dekka), homogène et apte à relever le défi, à présenter la meilleure prestation et à remporter le titre de meilleur groupe musical au niveau local.
   Pour ce faire, chaque quartier œuvre de manière à trouver les meilleurs éléments habilités à maîtriser les rythmes de la Dekka et à mieux représenter leur quartier, lors de la grande compétition organisée à la Place Jemâa El Fna, et à laquelle prennent part toutes les troupes locales de la Dekka Marrakchia, issues des différents quartiers de l'ancienne médina.
Pour les habitants de chaque quartier, le rêve est d’obtenir ce prix, dont toute la ville pourrait parler, tout au long de l'année, et qui constituera certainement une grande fierté pour le quartier gagnant.  Quant aux femmes, outre les tâches ménagères, elles se chargent, durant la nuit de l'Achoura, d'organiser une fête spéciale, au cours de laquelle les jeunes enfants se parent de leurs vêtements traditionnels.
Après la dernière prière du soir, les femmes se réunissent devant leur demeure, formant des « Halkates » (rassemblements) et déroulant des tapis, elles célèbrent l’Achoura, aux rythmes et chants du « Houari ».
Une telle cérémonie se veut l'occasion pour elles de manifester leur joie et de se libérer de toute autorité.
Quant aux enfants du quartier, souvent munis de « Tâarija » (instrument musical traditionnel à base d'argile et de cuir), ils prennent soin de  s'organiser en petits groupes, avant d'entamer une tournée, à travers les maisons pour ramasser la « Fakia » et éventuellement quelques pièces de monnaie que certaines personnes âgées peuvent leur donner. Une tâche qui n'est pas facile pour ces  enfants, surtout qu'il faut effectuer une ronde, à travers les rues du quartier et répéter des chants bien précis qui louent la générosité et les grandes qualités de la famille sollicitée.
Après cette tournée, les enfants se donnent rendez-vous sur une place souvent située au centre de la « Haouma » pour allumer un grand feu « Châala », avant de commencer à effectuer des sauts spectaculaires, une manière pour chacun de faire preuve de courage et de force.
Le lendemain, dès les premières heures de la matinée, les habitants des quartiers de l'ancienne médina se dirigent vers les cimetières pour se recueillir sur les tombes de leurs proches et amis, et faire l'aumône aux personnes nécessiteuses rassemblées, pour la circonstance, devant les entrées des cimetières.


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