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Abdeslam Ouaddou : L’équipe nationale n’a toujours pas trouvé son rythme de croisière

Comment fait Daech pour subvenir à ses besoins ? Qui lui achète son pétrole ? Qui lui fournit des armes ? Qui est derrière tout ça ?

Jeudi 26 Novembre 2015

Habitant de Lorraine, né au Maroc et élevé à Nancy, Abdeslam Ouaddou est très attaché à la France. L’ancien international marocain qui vient de décrocher son diplôme d'entraîneur certifié UEFA a vécu devant sa télévision le «moment tragique» subi par de nombreux Français, vendredi 13 novembre 2015.  Il  s’est confié dans une longue interview accordée au quotidien régional «Ouest-France» et s’est notamment interrogé sur le rôle du Qatar dans le fonctionnement de Daech, auteur des attentats perpétrés à Paris il y a quelques jours. Celui  qui compte plus de 320 matchs en tant que professionnel, 68 sélections avec les Lions de l’Atlas et une quinzaine de buts inscrits a également livré ses impressions sur le football national et sur les Lions de l'Atlas.
« Je ne vous cache pas que le lendemain des attentats, on s’est tous réveillés avec une boule au ventre. Moi qui m’efforce d’inculquer à mes enfants des valeurs en adéquation avec la République tout en restant attaché à mes convictions musulmanes, c’est vraiment dur», a-t-il commenté. «Au lendemain des attentats, j’ai modifié mon profil sur les réseaux sociaux en y ajoutant un drapeau bleu-blanc-rouge. Si vous saviez ce que j’ai pris derrière», a enchaîné le jeune retraité de 37 ans. «Ce qui me fait peur, c’est que les gens fassent l’amalgame. C’est pourquoi les gens de confession musulmane qui vivent en France depuis un moment doivent s’exprimer. Car ces terroristes n’ont rien à voir avec l’islam. On ne peut pas associer l’islam, qui est une religion de paix et de tolérance, à une organisation terroriste», a-t-il ajouté.
Selon lui, «la communauté musulmane doit cesser de jouer sur l’ambiguïté. Elle doit s’unir et dire haut et fort qu’elle est contre ces atrocités». Le joueur révélé à Nancy et passé par Fulham et Rennes estime «qu'on ne parle jamais d’une seule voix. On ne sait jamais à qui on a affaire. Il y a trop de mouvances. Trop d’ambiguïtés». Des ambiguïtés au premier rang desquelles on retrouve selon lui les relations entre la France et Qatar. «On stigmatise une communauté, on prône un islam de France, et de l’autre, la France ouvre grand ses portes à un pays comme Qatar qui prône des valeurs rigoristes», dénonce-t-il. «Lorsque j’ai joué là-bas de 2010 à 2012, j’ai entendu des gens me dire que je n’étais pas un vrai musulman, que j’étais un croisé, parce que j’étais un franco-marocain et que je revendiquais les deux cultures. Avouez qu’on n’est pas très clair avec ça», lance celui qui a raccroché les crampons il y a un peu plus de deux ans au journaliste de Ouest-France. Et l'ancien défenseur d'en remettre une couche sur l'Etat qui finance notamment le PSG : «C’est facile de s’acheter une bonne image à coups de pétrodollars et de présenter un tout autre visage sur son sol, affirme-t-il. Il y a une ambivalence de Qatar qui, d’un côté, investit beaucoup d’argent à Paris, et de l’autre financerait en secret Daech». «Comment une organisation d’à peine 50 000 hommes comme l’Etat islamique arrive à terroriser un pays comme la France. Comment fait-elle pour subvenir à ses besoins ? Qui lui achète son pétrole? Qui lui fournit des armes ? Qui est derrière tout ça ?», s'interroge Abdeslam Ouaddou.
L’ex-international marocain, qui a porté les couleurs du Stade Rennais de 2003 à 2006, a, par ailleurs, livré, dans un autre entretien accordé à nos confrères du «360.ma», ses impressions sur le football national et sur les Lions de l'Atlas : «Le football marocain n’est pas en déclin, comme le laissent entendre certains. Au contraire, il s’améliore doucement mais sûrement. Il a déjà franchi une première étape cruciale, qui consistait à bâtir des stades répondant aux normes internationales, et pouvant accueillir un public nombreux. C’était une condition sine qua non pour pouvoir abriter des compétitions internationales, indispensables pour rehausser le niveau du football national», explique-t-il. «La deuxième étape consistait à doter certaines grandes villes de terrains avec un gazon synthétique. Cette phase est en cours de réalisation. Un programme de formation au profit des entraîneurs a aussi été mis en place et a l’air de bien fonctionner jusqu'ici. La formation est en effet un autre grand défi pour la DTN. On voit donc qu’il y a des actions concrètes, au service du développent du football, qui sont mises en œuvre. Pour ce qui est de l’équipe nationale, c'est un autre débat qui mérite beaucoup plus de temps pour l'analyser et comprendre le pourquoi des «trous générationnels» ainsi que l’incapacité du Onze national à retrouver ses marques au niveau des compétitions internationales», ajoute Abdelsama Ouadou dans ledit entretien, avant de souligner que l’équipe nationale n’a pas encore trouvé son rythme de croisière. «J'attends toujours qu'un groupe homogène en sorte. C'est donc une équipe qui reste perfectible. Pour autant, le Onze national dispose en son sein de bonnes potentialités comme Bammou, Ziyech, Lazaar et surtout Benatia, qui commence à bien jouer son rôle de leader. Issam El Adoua est toujours présent et solide à son poste, un leader naturel. Le gardien de but donne également une bonne impression. Il sera donc intéressant de voir tout ce beau monde réuni et cohabiter ensemble sur le terrain», a-t-il précisé avant de proposer sa bonne recette pour réussir à monter une équipe forte et compétitive sur le moyen et long terme : «Un organigramme précis, avec la définition des champs d’actions de chacun. Un projet de jeu, une stabilité et une politique sportive à long terme sont les points primordiaux si on aspire à l’excellence», conclut celui qui jouait en Premier «League» d’Angleterre de 2001 à 2003.
 

Mehdi Ouassat

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