Abderrahim Chahid : Pour une justice spatiale en faveur des régions


Propos recueillis par Mustapha Elouizi
Samedi 4 Juillet 2015

Abderrahim Chahid : Pour une justice spatiale en faveur des régions
Dynamique, initiateur et leader. Trois mots qui résument l’énergie et le charisme de Abderrahim Chahid, coordinateur de la Voix des régions. Défenseur des droits humains dans sa région d’origine, il avait appris que le droit s’acquiert à travers une lutte de longue haleine et l’aptitude à être réaliste. Entretien,

Libé : C’est quoi la Voix des régions ?
Abderrahim Chahid : Il s’agit d’une  coalition civile qui a vu le jour, il y a environ deux ans autour de la thématique de la régionalisation. C’était à Fès plus exactement où l’on avait développé l’idée avec les amis d’ALCI de Fès et de l’Espace démocratique de Mohammedia, et d’autres potentialités. Nous nous disions que le débat sur la loi relative à la région ne durerait pas longtemps et que les régions allaient reprendre, leur longue vie de marginalisation, d’exclusion et de simples marges qui gravitent autour d’un centre développé et entreprenant. Il fallait donc bien que quelqu’un s’occupe de ces zones au niveau associatif et civil. Nous remettons en cause la centralisation et l’esprit jacobin de l’Etat. Nous œuvrons pour un modèle démocratique du pays.

Comment comptez-vous changer cela ?
Nous avons d’abord procédé à une évaluation de l’état des lieux. Nous avons fait une tournée au Maroc et établi un diagnostic des manquements et déficits dans toutes les régions. Après la naissance de l’idée à Fès, nous l’avons consacrée lors d’une autre réunion à  Mohammedia, puis nous avons annoncé la Coalition civile pour une régionalisation démocratique, depuis Ouarzazate. Notre premier sujet de débat était significatif : la gestion des ressources naturelles dans les régions. Tout le monde dit, et personne ne corrige, que les régions sont pauvres. Pourtant, c’est dans les régions que se trouvent des mines, de vastes forêts, de multiples carrières, des zones maritimes poissonneuses, le sable… et une ressource humaine qui assure l’équilibre de toute une économie et par ricochet de toute une politique. Les débats menés par la suite à Nador, Ifrane, Sidi Kacem, Tahla, Khemisset, Tétouan, Azilal, Rabat, Marrakech et Bouznika nous ont été très utiles pour comprendre les grandes fissures démocratiques dont pâtissent nos régions.

Quelles sont les grandes conclusions après deux ans d’existence ?
Tout d’abord, les ressources humaines existant dans les régions sont un fonds intarissable et d’une excellence indéniable, mais dont l’importance et la qualité ne sont pas encore reconnues par le pouvoir central qui ne l’entend que d’une oreille de concurrence dans un espace vital assez restreint. Les rouages de la rotation des élites ne sont pas huilés. En second lieu, nous avons remarqué que les régions souffrent d’un déficit de politique de développement territorialisée. On est encore dans le bricolage et les «reported goals». Et enfin, nous pouvons relever l’absence d’une justice spatiale, à même de réhabiliter ces zones dans leurs véritables droits. Enfin, le modèle organisationnel d’un collectif ou d’une coalition comme «Voix des régions» devrait répondre au souci démocratique et éviter le caractère central répandu un peu partout.


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