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A Miami, au chevet des pélicans et des animaux exotiques


Mercredi 29 Juin 2016

Dans un petit centre vétérinaire perché sur le port de Miami, des créatures plus exotiques les unes que les autres croisent le chemin des soigneurs.
Paons, pélicans, perroquets, opossums ou chouettes... Les six membres de cet établissement, l'un des plus anciens centres de sauvetage d'animaux sauvages de Floride, sont au chevet de bêtes à poils ou à plumes depuis 1980.
Au début, il ne s'agissait que d'un refuge pour pélicans blessés, mais les oiseaux domestiques sont devenus de plus en plus communs, certaines espèces n'étant pas du tout originaires de la région, comme cette perruche veuve -appelée aussi Conure veuve- au duvet vert qui vient d'arriver.
L'oiseau, l'air mal nourri et avec des ecchymoses autour du bec, s'est posé sur l'épaule d'un passant, qui l'a amené à la Pelican Harbor Seaside Station pour qu'il y soit soigné. "A Miami, on doit composer avec le commerce d'animaux exotiques", explique Carla Zepeda, 22 ans et membre du centre. "Et il y a beaucoup d'animaux domestiques échappés ou abandonnés".
Les perruches veuves sont originaires d'Amérique du Sud, mais elles ont commencé il y a quelques années à coloniser le sud-est des Etats-Unis.
"Nous en avons aujourd'hui beaucoup qui n'étaient pas là auparavant et qui se portent bien à l'état sauvage", reprend Carla Zepeda, décrivant ces colonies d'oiseaux verts et bruyants qui adorent dévaliser les manguiers des jardins de la banlieue de Miami.
"Le problème, c'est que ce n'est pas une espèce native, elle prend donc des places de nidification aux geais bleus, aux pics à ventre roux ou même aux petits-ducs maculés", souligne-t-elle encore. "Les oiseaux domestiques abandonnés ou qui s'échappent ont un gros impact sur l'environnement".
Avec plus de 1.000 patients depuis le début de l'année, le centre croule sous les sollicitations. "Le nombre augmente chaque année. Nous avons traité 1.968 animaux en 2014 et 2.010 en 2015", indique Christopher Boykin, le directeur. "On anticipe un nouveau record cette année". Au total, 146 espèces ont été soignées en 2015 à la Pelican Harbor Seaside Station.
Pour Carla Zepeda, le patient le plus surprenant a été un chien de prairie, petite marmotte qui vit normalement dans les plaines du Midwest américain... bien loin de la côte est.
Cette espèce fait apparemment les frais du commerce des animaux domestiques, juge-t-elle après avoir vu trois spécimens arriver au centre ces trois dernières années.
Les pélicans, qui étaient à l'origine les seuls animaux traités dans cet établissement, ne représentent plus aujourd'hui que 5 à 20% des patients chaque année. Mais ils assurent toujours le succès du lieu: blessés par des hameçons ou emmêlés dans des fils de pêche, trois sur quatre repartent de la clinique guéris après avoir été soignés.
Ce jour-là, par une matinée ensoleillée, Carla Zepeda relâche ainsi un jeune pélican secouru deux mois plus tôt alors qu'il avait deux hameçons plantés dans le cou et dans une aile, ainsi qu'une ligne de pêche emmêlée autour de son bec. L'oiseau s'envole et plonge rapidement dans les vagues, ravi de retrouver sa vie à l'état sauvage.
Mais certains de ses congénères ne repartiront jamais: quand leurs ailes sont trop abîmées pour être soignées et qu'ils ne peuvent plus voler, par exemple. Ces oiseaux accompagnent alors les membres du centre à des événements publics ou dans des écoles pour apprendre aux enfants comment se comporter face aux animaux sauvages.
Lors de telles rencontres avec le public, Carla Zepeda en profite souvent pour rétablir la vérité concernant un mythe qui a la vie dure: non, une maman oiseau n'abandonnera pas forcément son petit si un humain l'a touché...
"C'est complètement faux!", s'insurge-t-elle, en suggérant à ceux qui trouveraient un oisillon apparemment en bonne santé de le remettre tout simplement dans son nid, si cela est possible.
La jeune femme a elle-même adopté quatre patients qui ont été soignés dans ce centre vétérinaire: deux perruches, un perroquet et un chien husky.
Elle a bien pensé, un temps, travailler dans un zoo. Mais c'était avant de se lancer dans les soins pour animaux sauvages blessés. Maintenant "j'aime trop ça, je ne veux plus partir", dit-elle.


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